Aller au contenu

Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
IRÈNE ET LES EUNUQUES

protection. Elles n’eussent voulu se désister de croire à la très réelle puissance des Patronnes intercédant pour les menus péchés du cœur, et ornant, de leurs robes pompeuses, de leurs auréoles d’or, de leurs bottines gemmées, les mosaïques, les cimaises, les autels. Renonceraient-elles à cette compagnie d’excellent ton si peu répliqueuse, et devant qui bavarde à l’aise l’imagination ?

Aussi quand les militaires vinrent abattre l’image juchée sur la porte du palais impérial et considérée comme une sorte de palladium, cause ordinaire de nombreux miracles, elles se hâtèrent en foule au-devant, ébranlèrent l’échelle qui portait le spathaire Jovinus chargé de la besogne. Avant qu’il eût frappé trois fois l’image, elles se ruèrent, le déchirèrent après l’avoir décortiqué de sa cuirasse et de ses cuissards. Ensuite elles traînèrent la masse de ces chairs effrangées le long des étalages où ceux d’Arménie exposent les soies de Chine et les objets venus par les caravanes des Nestoriens.

Quelque temps après, comme l’on procédait à l’investiture du patriarche Anastase, successeur de Germain, et consentant à interdire le culte des images, elles accoururent vers la basilique, forcèrent les portes closes, accablèrent le récipiendaire de pierres et de coups, avec force injures dont les plus douces étaient « mercenaire » et « loup ravissant déguisé en pasteur ». On eut peine à le faire enfuir demi-mort jusqu’au lieu où se tenait l’empereur. Toutes les rues tortueuses furent