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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/166

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

vigueurs de son esprit. Le duc de Bénévent, Grimoald, accourut, si prompt, à leur rencontre qu’il les surprit pendant une manœuvre nocturne. Son infanterie demi-nue dégringola des cimes, jaillit des buissons, surgit des ravins, poussant des cris de hiboux, dardant les pointes de ses lances au visage des Byzantins effarés. Le sang ruissela sur les écailles des armures. Les crânes fendus par les haches bayèrent. Les corps grecs s’emmêlaient en tombant sur les cailloux. Ainsi Grimoald détruisit les colonnes. Endormi dans sa litière, le Mesureur de l’Abyme fut capturé par le baron d’un fief voisin.

La promesse d’une copieuse rançon tenta ce pillard. Il ne livra point Jean à son suzerain. Mais, ayant habillé le cadavre d’un eunuque avec les vêtements du prisonnier, il déclara que c’était là le corps de Bythométrès ; puis emmena le curopalate dans un repli de l’Apennin où s’érigeait le donjon. Irène avertie, racheta secrètement l’ami qu’elle avait cru tué, plus de six mois, sans autre douleur que celle de perdre un auxiliaire précieux, déjà remplacé par Staurakios, disciple et continuateur.

Adalgis ramena péniblement à Byzance les débris de l’expédition. Il dépérit là, sans honneur, au long d’une existence obscure.

Soucieux de mettre l’Italie grecque aux mains de ses alliés, Karl choisit pour prétexte de guerre les propositions hérésiarques du récent concile de Nicée. Il tenait à paraître le fléau du Pape. Cette attitude lui