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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Ah ! quand les femmes gouvernent !… gémit Nicéphore, amer.

Brutal, Pharès l’interpella :

— Serviteur de l’Augusta, tu devrais te taire !

— Je me tais, Pharès, je me tais… répondit en saluant Nicéphore,… je suis un pauvre homme moi.

Et Ourmanian se campa la main sur la ceinture.

— D’autres aussi pensent que l’empereur Constantin, si sa mère n’étouffait pas son esprit, rendrait du prestige au nom romain…

Pharès, malicieux, glissa :

— En emmenant les soldats piller les églises !

— Piller !… répondit Nicéphore en haussant les épaules,… les soldats du Christ ne pillent pas les églises, d’une part !

L’eunuque effaça du geste cette protestation :

— Ils ne s’en privaient pas quand Léon eut décrété l’abolition des images. Pieux soldats ! Ils en ont fondu des statues, pour vendre le métal aux Arméniens. Hein, Ourmanian, tu as fait ta fortune, alors ?

— Il vient d’en refaire une autre,… affirma Pulchérie,… en fabriquant les images neuves depuis que notre très pieuse Irène a rétabli le culte ancien !

— Renard Scythe !… siffla Zoé en se courbant et en faisant les cornes.

Pulchérie caressa la barbe du banquier :

— Gros sournois de Cappadoce !

— Tu exagères, Sophia, tu exagères ! Je gagne peu… Je suis riche selon la lune et les caprices du vent…