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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/208

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Nicéphore branla la tête :

— On aura surpris tes discours… Ton courage ne sait pas voiler ta parole. Tu as trop parlé de ce festin des grenades, de ceux que tu inviterais…, de la présence probable de Constantin. Bythométrès veille. Eutychès a des oreilles partout, dans l’air. Baisse la voix.

Un cubiculaire s’était glissé vers eux. Alexis l’aperçut, le bouscula :

— Encore un eunuque, là. Allons, écarte-toi.

— Pardon, stratège…, dit le cubiculaire, obséquieux…, je voudrais obéir, mais vois mon insigne. Je demeure ici par ordre. Je dois ouvrir le passage… derrière ton Honneur.

Alexis s’irrita :

— Et cet Arménien-là !… A-t-il aussi un insigne cubiculaire ?

Ourmanian, aimable s’inclinait :

— Seigneur, laisse-moi parmi ces colombes, pour contempler la splendeur de notre Constantin, Rayon du Christ.

— Laisse-le, Alexis…, priait Sophia, gentiment… Il m’a donné une cassette d’ivoire.

Nicéphore grommela :

— Vous verrez, il finira par acheter le monde. Son père vendait de la saumure dans un tonneau, sous un auvent de bois, près de la taverne des Sarmates, et maintenant le fils possède des galères qui vont rançonner le pays d’Ophir…

Le banquier s’effara :