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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/241

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Avec une certaine prudence les turmarques excusèrent Irène et les ministres ; mais les soldats excités par Alexis, promirent des chaînes à leurs chefs. Quand on apprit la défaite de la flotte dans les eaux de Chypre, tous accusèrent l’incapacité d’Irène, les concussions des eunuques, l’ignorance des stratèges choisis par la faveur du palais. Ils imputèrent à Staurakios la responsabilité du désastre. Le soulèvement conseillé par les meneurs s’opéra. Cet exemple séduisit les légions de Cappadoce qui se joignirent à celles d’Arménie. Alexis prit le commandement et marcha vers les rives du Bosphore. L’armée d’Asie se mit en mouvement sous ses ordres. Les avant-coureurs annoncèrent quels pillages sans pardon puniraient la résistance. Ils incendièrent les bourgs fidèles aux eunuques.

Dans Constantinople, les milices elles-mêmes s’agitèrent. Les vieux iconoclastes s’assemblèrent sous les feuillages roussis des jardins de septembre. Hissé sur un chameau, Serantopichos déclama des satires abominables. Car la populace de l’Hippodrome n’avait point permis qu’on le gardât longtemps au fond des Noumera. Elle avait même écharpé le bourreau qu’on avait cru, certain jour, coupable d’exécution clandestine. Le cul-de-jatte chantait à tue-tête dans les carrefours les vertus d’Alexis, la sagesse de Constantin, l’ignominie d’Irène et la malice des eunuques. Les patrouilles évitaient une rencontre qui les eût mises dans la nécessité de sévir contre le pamphlétaire, et