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IRÈNE ET LES EUNUQUES

sculpteurs. Au-dessus de toutes, alors, on vantait Irène, orpheline de famille aisée, instruite aux plus subtiles métaphysiques des Alexandrins dont maint et maint disciples habitaient la ville de Minerve ressuscitant, sous les murs du Parthénon, l’académie platonicienne. Son nom même, la jeune fille le dut à l’influence de ces sages anciens qui l’avaient importé d’Alexandrie dans l’école d’Athènes. Ils aimaient en pourvoir, comme d’un signe de paix, les formes esthétiques des adolescentes.

Irène avait alors dix-sept ans. Le vieil empereur se décida très vite à l’accueillir dans la famille impériale. Il ne s’enquit pas autrement de sa noblesse, car les chroniqueurs ne mentionnent pas les ancêtres. Une seule chose l’inquiéta. Irène professait le catholicisme orthodoxe ; et, puisqu’il avait subi tant de malheurs pour soutenir sa conviction contre le Pape et les miracles du Théos, il ne lui appartenait plus de transiger en aucune occasion. Invitée à reconnaître les formules du Conciliabule de Constantinople, Irène employa quelques jours en hésitations : récemment les prières à la Sainte Vierge avaient été abolies par décret, les ossements des saintes déterrés, dispersés, jetés à la mer.

Elle préférait alors s’asseoir dans son jardin d’oliviers pâles et de lauriers-roses. Elle écoutait le babillage de la fontaine faite d’une vasque de pierre et d’un masque de plomb recueillis par son trisaïeul au siècle précédent, dans l’Érechtheïon, lorsque la piété des empereurs fit transformer cet édifice en église, puis