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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/280

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

le pouvoir sans partage, le jeune souverain eût négligé de punir les eunuques ses précepteurs et, du reste, ses plus anciens compagnons. Mais Alexis redoutait trop leurs adresses. Il soudoya des vétérans qui, au cours des premières revues, et après les litanies vouées à Constantin, terminaient l’ovation par ce souhait opiniâtre :

— Meurent Staurakios et Aétios, ennemis du nom romain… Que Jean Bythométrès périsse dans les supplices infligés aux magiciens !

L’empereur céda. Dans Éleuthérion, Irène se tenait coite. Avec Pharès elle dénombrait les trésors qu’elle y avait peu à peu enfouis, noyés au creux de profondes cachettes où l’enquête de son fils ne sut les découvrir. En sorte qu’il aperçut tout de suite la fin prochaine de ses ressources financières. Alexis, ses amis, les Arméniaques avaient de forts appétits. Ceux qu’ils rappelèrent d’exil obtinrent le dédommagement de leurs peines. L’Athénienne attendait le moment de la déception qu’éprouveraient bientôt les protagonistes du parti militaire, lorsque, les coffres de la Magnaure étant vides, ces ambitieux accuseraient d’ingratitude leur maître.

Mais elle ne put empêcher qu’un jour de course, avant l’arrivée de Constantin dans le Cathisma de l’Hippodrome, Aétios et Staurakios fussent promenés autour de la Spina et fouettés publiquement. La sueur et le sang barbouillèrent le torse blet de celui-ci, la magnifique musculature de celui-là, les habits rabattus contre