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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/283

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

croix au ciel, bannières au vent, icones aux mains, chants aux bouches ferventes déjà suffoquées par les gaz de la combustion. La demeure du pontife que mordirent les volutes du fléau, s’abattit au milieu de la fournaise pleine de malheureux brûlant et grésillant à l’exemple des damnés.

Ensuite, les dévotes allèrent disant que le Théos ouvrait une porte de l’Hadès dans la partie de Byzance, chère aux favoris d’Alexis et de Constantin, aux débauchés, aux propriétaires de quadriges, aux courtisanes opulentes, et que la sainteté de Tarasios n’avait pu soustraire ces impies à la colère du ciel.

Cependant le basileus goûtait les amours de sa maîtresse Théodote, pour laquelle il aimait paraître à cheval devant un corps de cavalerie, presque quotidiennement. Alexis conservait alors son prestige en réunissant les plus beaux escadrons, en faisant venir de tous les pays des chevaux admirables, en inventant des étendards plus magnifiques, des cimiers plus somptueux, des trompettes plus tonitruantes, en agençant des évolutions hippiques auparavant inconnues. Michel Lachanodracon achetait jusque chez les Sarrasins des bêtes superbes qu’il envoyait au stratège des Arméniaques. Byzance n’était plus qu’un immense quartier de cavalerie tout sonore de fanfares militaires. L’arrogance des soldats royalement vêtus et pourvus d’armes ciselées, dorées, exaspéra le peuple dont ils déshonoraient les femmes et les filles, dont ils battaient les maris, les pères, les frères.