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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/29

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

tiques iconoclastes décapitaient les statues saintes avec les adoratrices.

Ce n’était point que l’âme tremblât de lâche peur. Mais Irène espérait un jour engendrer, elle aussi, quelque peu de science, à l’exemple d’Hypatie et d’Asclépigénie, les vierges théurgistes. Or, ce la désolait de craindre que cette naissance spirituelle pût être retardée par la sottise des assassins. En ce temps-là, les derniers disciples de Platon et de Jamblique pensaient vivre aussi longtemps que leurs idées sublimes. Ils les considéraient comme la vigueur réelle de l’Être dont les corps étaient seulement les apparitions successives, brèves, toujours renouvelées par les amours des générations. Certes, Irène partageait la même foi didactique. Des sages professaient encore au pied de l’Acropole, les doctrines transmises par l’école d’Alexandrie à son émule d’Athènes, et conservées, christianisées, accrues en secret depuis l’édit de Justinien dispersant les philosophes, depuis deux siècles, au milieu de certaines familles disertes, filles des Simplicius, des Isidore de Gaza, des Damascius. Au sein de cette aristocratie, étaient nés Irène et Jean Bythrométrès, cet homme grave, beau, cherchant, avec le compas, sur la sphère de métal terni, les points où fixer ensemble les signes des astres et ceux des principes qui leur communiquent l’influence des Éons, émanations de l’Un, Inconnaissable, Indicible, Centre des Nombres, le Père. De Lui, procède le Fils Intelligible, Pur comme l’Agneau et le Feu ; de Lui procède le Saint-