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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/293

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

nom de Constantin, puisque nul ne se fierait en lui. Par de cruels exemples, le monde demeurerait instruit de l’ingratitude qui punissait les partisans téméraires du Basileus. Alexis, Pierre et Damianos aveuglés, puis rappelés au Palais et pourvus de charges inférieures, ils y servirent d’exemples aux ambitieux Téméraires.

Déconsidérant le prince par l’ostentation de cette sottise et de cette faiblesse, les eunuques comptaient le rendre inhabile à commander. Ils résolurent de le dégrader devant les prêtres comme ils l’avaient dégradé devant les soldats.

Irène tranquille, cessa pourtant de le haïr. Leur réconciliation officielle fut complétée par des ententes intimes. Peut-être, l’ayant privé du pouvoir, la mère attendrie s’apitoyait-elle sur les chagrins de son enfant, et voulait-elle, du moins, lui donner la compensation de satisfaire des désirs d’une âme débile. Peut-être aussi n’ignorait-elle pas qu’on avilit les hommes en les mettant sous le joug souhaité de honteuses passions. Pleine de douceur et d’indulgence, elle prodigua l’argent utile aux dépenses de son fils, à ses folies érotiques, cependant qu’elle-même apparemment chaste et dédaigneuse, ferme dans les lignes de sa beauté rigide, excusait les vices qui, pour son avantage, abaissaient le jeune souverain devant l’élite de leur peuple. L’an 795, Constantin commit la faute suprême qui le condamna, lui, ses partisans, leur politique et leurs espérances.