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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/295

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

vint rumeur confuse mais qui se réveilla dans les galeries supérieures dominant les cours.

De ces galeries descendait un vaste escalier de pierre verte aux degrés assez larges pour que sur chacun se pût prosterner un dignitaire prêt à recevoir le pain de l’empereur. Vers ces degrés Pharès guida les oncles de Constantin superbement vêtus de leurs vêtements ecclésiastiques.

Empotés dans leurs dalmatiques, Christophe, Nicétas, Anthime et Eudocime, sous les railleries de l’eunuque se parlaient par signes à la manière des muets. Fiers, ils se faisaient des gestes de résignation désespérée. Ils s’offrirent les confitures de leurs drageoirs et qu’avec une spatule d’or ils entamèrent.

— Nobilissimes… narguait l’eunuque… Vos Honneurs daigneront-elles me montrer si le goût de la girofle et du gingembre flatte autant leurs palais depuis que notre très pieuse Irène leur fit couper la langue ?

Eudocime nia de sa tête chenue. Christophe haussa les bosses de ses épaules. Le gros Nicétas roula des yeux de colère et avança sur Pharès comme pour le prendre à la gorge. Eudocime retint le furieux :

— Là ! là ! petit père sans langue… poursuivait Pharès,… ne m’achève pas… Ne charge pas ta conscience d’homicide… À genoux, petits oncles sans langues, déchets de la révolte !

En quatre tas d’or et de broderies, ils s’accroupirent malaisément sous la verge d’un héraut :

— Voici vos frères vaincus et leurs grandeurs aveugles !