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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/300

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

tantin, Irène, Marie, Staurakios, Aétios et Jean. Le peuple du palais se hissait le long d’une barrière.

Un gros intendant disait à son voisin.

— Ne me serre pas si fort, toi, tu frippes mon manteau…

— Pour ce qu’il te coûte… Tu en rachèteras un autre en volant davantage.

— Ah je vois la figure de la sainte Augusta,… dit une femme… Regarde comme elle prie, l’Arménienne.

— On dit qu’elle a piétiné les images. Il faut se méfier des Arméniens…

Un Franc à longues moustaches et à brayes vertes constatait :

— Pour la quatrième fois, je reviens à Byzance. Il y a plus de langues coupées, plus d’yeux crevés, mais le reste ne change pas.

— Dis-moi Sidi,… priait un arabe grave et ardent ;… peux-tu désigner dans le cortège cette fleur d’oasis, dont parlent toutes les lèvres, cette Théodote !

— On ne la voit plus,… répondit un caloyer dont la mine sévère flétrit le vice de cette parole indiscrète !… La concubine a dû être reléguée dans les îles, en attendant les feux de l’enfer.

— Elle semblait malade au reste. Elles n’ont pas de sang sous la peau, ces filles du palais. J’ai chaud, moi !

— Silence… barbare… ordonna le héraut.

Mais le Franc cria plus fort :

— J’ai chaud… eunuque… j’ai chaud…