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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/305

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Est-ce la colonne de la porte que je touche… interrogea Théodore, à tâtons.

Le héraut l’arrêta brutalement !

— Non, tu touches à l’Empereur… sacrilège…

Damianos, fier, se retourna :

— Guide mes pas sans me frapper… je suis patrice.

Les muets saisirent les aveugles par la main et les entraînèrent. Un officier les houspilla :

— Dehors, dehors que vos mains, Nobilissimes, prennent les mains des hommes sans yeux…

Les soldats expulsèrent en même temps le peuple qui grognait et se débattait jusque dans les jardins.

Solennels, l’empereur et son cortège quittèrent le lieu de l’algarade, et remontèrent aux galeries de Daphné. Là Constantin s’arrêta pour dire :

— Mère : tes ennemis, les crois-tu suffisamment abaissés ?

— Il ne faut pas qu’ils le soient plus.

Le fils et la mère se regardèrent, puis quelques instants se promenèrent, dans la splendeur de leurs costumes cérémoniels, parmi les hommages de la cohue vivante d’escarboucles et d’or.

Quand on se fut arrêté pour une seconde fois, Marie baisa la main de son époux :

— Rends-toi semblable au Théos par l’abondance de ta miséricorde.

— Ta sagesse veut-elle peser ceci,… insinua la prévoyance d’Eutychès… : beaucoup parmi le peuple révèrent encore les Aveugles et les Muets.