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IRÈNE ET LES EUNUQUES

aïeul Philarète, et pour les vertus de ton esprit ; mais les défauts de ton corps nuisent au destin de l’État…

— Peut-il naître une pitié en vos cœurs… Je t’adore, Constantin… Te voir, c’est la lumière… Te quitter, c’est l’ombre… Tu me précipiteras dans la nuit…

Implacable, il niait :

— Tu me hais, toi…

— Ah !… criait Marie, comme blessée par le fer.

Caressant les accoudoirs de son trône, il accusa :

— Tu me hais certainement… Que ta sincérité m’écoute… Tu as suivi mes pas… Tu as épié mes gestes… Tu as été l’espion de mes pensées.

— Je t’aime. Je voulais que rien de toi ne fût étranger à mon âme ; je voulais souffrir toutes tes douleurs, me réjouir de toutes tes joies…

— N’utilise pas la grammaire des rhéteurs. Aucune de mes joies ne te réjouissait. Tu ne veux pas boire, et tu baisses les yeux quand les danseuses retirent leur écharpe.

L’épouse, du regard, implora l’impératrice qui détourna son visage :

— Il convient que je me critique. En vous unissant, je me suis trompée.

Marie rectifia.

— Tu ne t’es pas trompée pour moi.

— Je me suis trompée pour toi, pour lui. Mon espoir était que ta vertu l’influençât.

— Sa vertu me rend plus ivrogne qu’un Scythe, et