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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/347

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

L’audace d’Alexis ripostait à l’impertinence du sacellaire :

— Et toi aussi tu vociférais alors contre les eunuques et contre les femmes… ! L’or n’avait pas changé ta voix.

— Ce qui change ma voix, le voici…

Nicéphore désigna deux buires apportées par des serviteurs.

— Ta Sainteté voit aux mains de ce serviteur…, récita Pharès…, les vases saisis dans le gynécée de l’Augusta Marie.

Nicéphore, s’inclinant, demanda :

— Notre Augusta reconnaît-elle les vases comme appartenant aux femmes de son gynécée ?…

Et l’épouse, pareille à une morte :

— Il ne faut plus que je le nie, parce que Constantin souffrirait encore.

— Le Patriarche a-t-il entendu ?… interpella Constantin, brusque.

La foule s’étonna, frémit :

— L’Arménienne avoue ?

— Que lui ont-ils fait pour qu’elle avoue ?

— Elle laissera triompher la concubine !… clamait un moine, exaspéré.

Peu à peu, cependant, le silence s’établit, unanime. Nicéphore, les mains étendues, exposa d’une voix forte et claire :

— Moi, Nicéphore, fils de Boëlos, je déclare que ces vases remplis de la liqueur mystérieuse me furent