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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/364

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

l’urgence qu’il y avait à reléguer l’empereur, pour un temps, loin de Byzance. Certains l’un et l’autre que celui-ci déjouerait leurs manœuvres, ils décidèrent sur l’heure d’employer les moyens irrésistibles. Irène consultée ne donna nulle marque d’improbation, nulle marque d’approbation. Aétios proposa de soulever les calogers et les prêtres avec le secours du patriarche qu’une disgrâce injuste exaspérait. Bythométrès ne se fia point à la vigueur du clergé et prétendit que, dès les premières persécutions, le moine se clapirait dans ses cloîtres, dans ses églises inviolables, laisserait agir les militaires.

En moins d’une heure ce conciliabule fut tenu dans le couloir de marbre qui desservait le Cathisma, pendant que les factions, une à une, défilaient devant le monarque et l’assuraient éloquemment de leur loyalisme. Théodote aimait ces cortèges, leurs homélies dithyrambiques allouant toutes les vertus divines et humaines à son très cher mari. Ce fut au son de ces panégyriques ampoulés, que les eunuques, en un chuchotement, examinèrent les chances d’un coup d’État. Autour de la litière où toussotait et crachait le moribond en laissant cliqueter ses chaînes d’or, ses médailles, ses phalères, en laissant trembler ses mains de squelette verdies et armées d’escarboucles énormes, les logothètes achevèrent de se concerter.

Irène était en proie à l’une de ses colères qui la privaient de raison. Elle tenait pour une insulte atroce la réserve de la foule à son égard. Les poings serrés,