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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Lorsque le dromon impérial fut sorti du port pour voguer vers les jardins de Saint-Mamas, Constantin et ses familiers reconnurent Pharès sur la proue d’une longue barque rapide à vingt rameurs. La poupe était occupée par Bythométrès et plusieurs officiers d’Irène. Promptement cette nef gagna de la distance à la surface des eaux. Ensuite les efforts des matelots se ralentirent, et ils se contentèrent de maintenir leur embarcation à portée de la voix souveraine bien qu’ils feignissent de pas entendre les injonctions du pilote impérial.

Quand on fut assez loin de la côte, l’équipage de Pharès hissa la voile, louvoya, manœuvrant afin de se glisser entre le dromon de Constantin et le rivage secourable.

Ce pour quoi les amis de l’empereur se prirent à craindre une attaque hardie. Ils lui rappelèrent l’incarcération dans le Palais Sacré et la flagellation d’autrefois ; ils le décidèrent à gagner le port de Pyles, en Bithynie, et de se réfugier parmi les troupes du thème des Anatoliques. À leurs prières Constantin céda sans admettre le bien fondé de pareilles appréhensions. On mit le cap sur l’Asie. La barque à vingt rameurs aussitôt commença la poursuite.

Mais le dromon du Basileus était mieux taillé pour la course ; et il entra dans la baie de Pyles, avant que les matelots de Pharès l’eussent atteint. Ceux-ci tournèrent précipitamment leur proue vers Byzance, comme s’ils redoutaient d’être, à leur tour, l’objet d’une chasse.