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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/414

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

se tendent pour deviner le drame. Le caloyer insiste.

— En attendant, mes frères, je m’agenouillerai donc sous l’icone, et, pour l’amour du Christ, vous m’obtiendrez que je pénètre auprès du supplicié.

— De quel monastère viens-tu ?

— Il est situé dans l’île la plus proche de Byzance.

— Là aussi s’élève un couvent de religieuses ?

— Celui dont l’abbesse est notre sainte Marie d’Arménie.

— Qui vous annonça le malheur ?

— De Bithynie, de la direction de Pyles, là où notre Augusta Théodote pleure son jeune fils, ce matin est venu un vol de colombes marquées chacune par une croix noire. Alors, notre sainte Marie d’Arménie a déchiré ses vêtements. Elle nous a dit qu’un malheur menaçait l’Autocrator. Sur son ordre, nous nous sommes mis en bateau pour l’assister ici dévotement. Voici mes frères, et voici mes sœurs…

D’une ruelle menant au port, s’avance une procession. Caloyers et religieuses franchissent la haie des soldats. Ils entonnent une litanie funéraire. D’autres les suivent portant bannières, reliquaires, et statues saintes ; puis ceux du peuple attirés par le chant, mais que les soldats arrêtent et repoussent dans les rues.

— Il est donc vrai,… dit une vieille joignant les mains,… notre Constantin est aveugle.

— Les eunuques l’ont martyrisé, l’enfant de gloire !… eïa… eïa !

— Constantin ! Constantin !… gémit le peuple.