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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/471

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

l’acclamant. Ces torches s’échevelèrent sous le vent d’octobre, fumèrent atrocement. Les soldats s’amusaient à faire un empereur. Ils battaient en cadence leurs boucliers avec leurs glaives. Aétios voulut enfin lancer les Thracésiens. Leurs drongaires hésitaient, avouant que cette révolution pour le moins les débarrasserait du Franc, des leudes, des compétiteurs étrangers. Mieux valait qu’elle s’accomplît. Alors le bel ange sauta sur un cheval, sortit de Byzance et galopa jusqu’au camp de son frère. Voyant l’émeute grandir, Grégorios, Petros et Sisinnios la conduisirent jusqu’à la porte de Bronze fermant la Chalcé. Là, ce 31 octobre, vers dix heures du soir, Nicétas à la tête des scholaires déclara qu’Irène, au lieu du perfide Léon, associait Nicéphore à l’empire. Aussitôt les questeurs du Palais introduisirent, au delà de Chalcé, Sisinnios Triphyllios, avec une légion des Mousoulacios. Dans les jardins de Daphné, les cubiculaires prétendirent qu’Irène apurait des comptes au fond des caves d’Éleuthérion, avec ses eunuques Pharès et Bythométrès. Nicétas envoya des scholaires la garder, autant pour lui rendre honneur que pour l’empêcher de sortir, et d’ameuter, sans raison, une autre partie du peuple. Au point du jour seulement, le bruit des armes et des chevaux réveilla les serviteurs de l’impératrice. Ils lui montrèrent les avenues occupées par les escadrons de Nicétas, en annonçant qu’Aétios avait pris la fuite.

Elle se crut hors de l’affaire, en tous cas. Sans doute Nicéphore l’avait délivrée d’Aétios. Mais que pense-