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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/481

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

s’étaient endormies embrassées ; leurs tresses étaient mélangées, leurs voiles confondus. Les autres avaient été ailleurs se coucher. Irène profita de cette manière de solitude pour réparer son désordre. Puis elle frappa dans ses mains. L’eunuque bondit ; les cubiculaires se mirent à genoux. Des esclaves entrèrent avec les miroirs, les bassins d’argent, les boîtes à cosmétiques, les fioles de parfums. Il pleuvait sur les chevaux piteux, sur les feuilles rousses, sur les façades grises, sur les mosaïques brillantes, sur les casques des soldats en longs manteaux écarlates.

Irène ressassa quelques heures ses chagrins. Un des messagers qu’elle envoya dans Chalcé, revint annoncer que Nicéphore, avec les patrices de sa faction et les principaux du Sénat, s’apprêtait à lui faire visite. Elle descendit dans la grande salle de Daphné et prit place sur le trône double du Copronyme, après avoir commandé qu’on ôtât les autres sièges. Elle obtint facilement qu’une centaine de candidats, sous les ordres d’un comte, garnissent les murailles, à sa droite et à sa gauche. Plus de cinquante moines, abbés, prêtres et prélats qui lui vouaient toute leur gratitude pour avoir relevé les images saintes entourèrent son trône. Les cierges allumés, les croix hautes, ils entonnèrent un los à l’impératrice quand Nicéphore entra derrière les hérauts.

Interdit, il s’arrêta. Tous demeurèrent stupides devant la posture orgueilleuse d’Irène et cet appareil sacré. Très humble, en balbutiant, il montra qu’il