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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/81

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

avec inquiétude, sur les traits de l’autocrator, l’envahissement du mal si redouté par l’impératrice. Car elle exagérait, devant chacun, sa crainte. Elle appela des médecins renommés en Perse et en Sicile. Cependant elle ravivait sans cesse, par des pratiques musulmanes et des philtres, le goût de Léon pour les délires de l’amour. Ce qui l’épuisait. Afin de l’assouvir, elle ne le ménageait point. Il s’affaiblit davantage.

Irène ne supportait plus que sa volonté savante demeurât soumise au bon plaisir d’un maître capricieux. Il lui tardait de se paraître concevante et agissante, capable de réaliser les espérances platoniciennes à la face du monde ébloui.

— Ô mon époux…, répétait-elle, sans cesse…, penses-tu vraiment que le mal te domine au point de rester entre mes bras, comme un vieillard las.

Humilié, Léon s’obstina toujours à lui prouver sa vigueur, et à se prouver sa santé. Il acceptait les caresses. Elle savait qu’il ne résistait point à cette manière de défi. Et, l’eunuque Phares composant des aphrodisiaques, l’empereur dépérissait.

Plus aisément Irène attira les ambitieux. Ce fut alors que le parakimomène Théophane, puis Thomas, cubiculaire du Palais, se déclarèrent pour elle. Dès lors les eunuques, amis de Jean, représentèrent au basileus lui-même qu’il importait, pour le salut de l’empire, de couronner l’hoir.

— Mon fils…, répondit, un soir, Léon à Staurakios et à Eutychès…, est dans un âge bien tendre. Ma