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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Voici,… dit-il,… le nouvel empereur que vous avez désiré !

Du peuple pressé mille mains se levèrent. Les gestes de l’enthousiasme secouèrent les manteaux de couleurs sur les épaules, et les boucles brunes autour des visages passionnés. Les métaux des armes cliquetèrent. Devant la face du Théos que masquaient les proportions géantes de l’église, l’assistance psalmodia :

— Iésous qui êtes mort pour nous, recevez aujourd’hui le serment que nous faisons à notre empereur !

Et le patriarche Nicétas découvrit le bras de la vraie croix sous un dais. Les dignitaires, les sénateurs, les tribuns des légions, les principaux du peuple, les maîtres de chaque corporation, même ceux des métiers les plus vils défilèrent devant la céleste relique, jurèrent fidélité au fils d’Irène.

Le lendemain, à son frère Eudocime l’empereur conféra le titre de nobilissime. Les dignitaires resplendissant sous leurs costumes cérémoniels marchèrent en cortège jusqu’à Sainte-Sophie pour assister au sacrifice de la messe accompli sur l’un des trois cent soixante-cinq autels de la célèbre métropolitaine. À l’offrande, les représentants des ordres de l’État vinrent déposer, entre les mains ecclésiastiques, un acte signé de chacun des chefs, et qui confirmait l’engagement de la veille.

La famille entière bénéficiait de ce couronnement. L’élévation d’Eudocime désormais vêtu d’écarlate et de pourpre insignes, ralliait à la combinaison les