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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

avoir l’air gaie, tu as l’air plus heureux, qu’as-tu donc ?

« — Rien, » lui dis-je, ne pouvant lui expliquer la cause de la sérénité qui s’était répandue dans mon cœur.

« Depuis, je tins parole au bon Dieu ; sachant bien que ma force était seulement en lui, je fis mes prières chaque soir et chaque matin avec plus de soin ; d’ailleurs, j’avais près de moi Ginevra, qui se rapprochait du ciel à mesure que sa santé dépérissait. Chaque fois qu’il m’arrivait encore quelque mouvement d’impatience, si ma chère petite sœur en était témoin, elle semblait m’interroger du regard et elle me disait alors :

« — Est-ce que tu redeviens comme autrefois ? Tu es si bonne maintenant ! ajoutait-elle, ne change pas.

« — Sois tranquille, lui disais-je, je suis corrigée. »

« Ma première communion, qui se fit en ce temps-là, acheva de mettre le sceau à mes résolutions, et la mort de ma chère Ginevra, qui arriva peu de temps après, les rendit irrévocables. Il me sembla toujours que cette innocente petite âme veillait sur