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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/116

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LE ROUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

blocs projetés au hasard représentaient des tombes, qu’elles fussent l’œuvre désordonnée de gens hors de leur bon sens.

Tauves se voyait sur une autre colline. Après ce chef-lieu de canton, la route descendait jusqu’à la Dordogne, la franchissait pour arriver quelques kilomètres plus loin à Saint-Sauve, ville d’où l’on peut en une heure se rendre aux bains de la Bourboule. Pour atteindre la Queuille il n’y eut plus que trois bonnes lieues. Du plateau élevé qui précède ce village, on apercevait les montagnes du Puy-de-Dôme et celles de la Corrèze. Le trajet avait duré en tout deux heures et demie.

La baronne du Vergier emmena son petit ami à l’auberge voisine du bureau des voitures de correspondance du chemin de fer pour les diverses localités environnantes. On ne devait remonter en voiture qu’à deux heures. En se mettant à table à midi on avait donc plus de temps qu’il n’en fallait pour déjeuner.

Jean, avec la distinction de ses sentiments, ne pouvait pas avoir des manières d’enfant mal élevé. Rempli de prévenances, il demeurait vis-à-vis de sa protectrice dans une attitude respectueuse qui n’excluait pas une certaine indépendance de pensée et de parole. La baronne profita du tête-à-tête pour faire raconter de nouveau au petit Parisien ses griefs et ses moyens de revendication ; elle le félicita vivement d’attacher tant de prix à l’honneur du nom, et sûre d’avance que son mari serait touché de la situation de ce jeune garçon, particulièrement intéressante, elle ne craignit point de promettre l’appui et l’expérience du baron du Vergier. — Dans quelques heures on serait auprès de lui.

La voiture partit enfin pour Mont-Dore-les-Bains, bondée de voyageurs, arrivés pour la plupart par le chemin de fer jusqu’à la Queuille. Jean trouva néanmoins le moyen de s’emparer d’une place sur la banquette. Il fut largement récompensé de sa peine par les belles perspectives qui se présentèrent aux regards dès qu’on eut gravi les plateaux élevés qui séparent le bassin de la Dordogne de celui de la Sioule. — Après avoir voyagé toute la matinée en montant vers le nord, la baronne et son jeune compagnon de route rétrogradaient vers le sud-est.

On passa par Murat-le-Quaire, où se trouve un château ruiné. À partir de là, le chemin taillé dans des roches volcaniques descendait vers la Dordogne. Il offrait des échappées sur le roc de Cuzeau, le puy de Cacadogne, le puy de Sancy — dont le sommet est le plus élevé de la France centrale — et quel-