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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARIISIEN

Du haut de l’esplanade il se rendit compte de la forme de la vallée, entourée de plateaux élevés et de pics.

— Êtes-vous déjà allé là-haut ? demanda-t-il à Maurice, en lui désignant le plus élevé des pics, — le puy de Sancy.

— Non, pas encore, répondit le jeune homme ; et ce n’est pas l’envie qui m’en a manqué. Mon père se dirige de préférence du côté où il y a quelque curiosité archéologique à examiner…

— Eh bien ! nous grimperons ensemble jusqu’au sommet, dit Jean avec chaleur.

Maurice sourit, — il avait le sourire de sa mère, — et ne fit aucune objection à ce projet d’ascension.

Le baron, à qui sa femme raconta l’histoire de Jean, voulut encore la connaître de la bouche même du jeune garçon. Il cherchait sincèrement à lui venir en aide, et notait soigneusement dans sa mémoire toutes les particularités concernant la mort de son père, l’obligation où il s’était trouvé, enfant, de quitter la Lorraine pour ne pas devenir Allemand, les violences du mauvais parent abusant de la situation que lui faisaient les événements pour s’approprier les récompenses du soldat tombé devant l’ennemi, et jeter sur lui l’odieux d’une accusation de trahison.

— Ce Jacob Risler, le sabotier du Niderhoff, a réussi de la sorte, observa le baron, à cacher l’abominable conduite de son frère Louis, qui a été fusillé. Voilà ce qu’il faudrait avant tout établir, mon enfant, par des preuves hors de toute discussion.

— Vous le croyez, monsieur le baron ?

— Mais c’est évident ! Puisqu’on a trouvé sur ce malheureux des papiers accusateurs, à ce que dit cet ancien zouave qui vous veut du bien et qui a été mêlé à ces incidents de la guerre dans les Vosges, il convient de rechercher ces papiers, — afin d’établir incontestablement l’identité du Risler fusillé à Fontenoy par les francs-tireurs du commandant Bernard.

— M. Bordelais la Rose, dit Jean, a écrit au commandant…

— Eh bien ?

— Et celui-ci n’a pu fournir aucun éclaircissement sur cette affaire. Aussitôt après la guerre, tous les hommes de ses compagnies franches se sont dispersés.

— Alors, il faut commencer une enquête d’autre sorte. Sait-on qui a ordonné l’exécution ?

— Un sergent.