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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

enfant tout seul… et payer ma dépense… sur l’argent que Jacob Risler doit à ma famille pour la maison et le jardin du Niderhoff.

— On dirait que tu te fâches, observa Hans en roulant ses yeux louches. Il quitta sa place, et faisant mine de s’éloigner, il ajouta : J’ai l’honneur.

Mais Jean sauta sur la pierre carrée et le retint par un pan de son vêtement. Alors, debout, il lui dit à l’oreille :

— Non seulement j’ai à me plaindre de vous pour m’avoir tendu un piège à Salers, mais je peux vous faire arrêter, dès qu’il me plaira, pour l’attentat du chemin de fer de Figeac. J’ai des preuves, et pour témoin la victime même… qui est la mère du jeune homme que vous voyez là-bas.

Jean désignait Maurice. L’Allemand ne ricanait plus et son nez semblait s’allonger. Il réfléchissait au moyen d’éluder cette menace.

— Ne cherchez pas à m’échapper, lui dit Jean. J’ai déjà parlé de vous… mais comme d’un homme qui n’a plus sa raison ; cela nous met à notre aise tous les deux. Cependant si vous m’y forciez, je vous dénoncerais sans hésiter, — et nous verrions alors si vous auriez la chance de vous échapper comme à Salers.

— Mais je ne suis pas fou ! s’écria Hans Meister.

— Je n’ai rien trouvé de mieux.

— Je ne veux pas qu’on me traite de fou !

— Croyez-moi, je ne vous fais pas beaucoup de tort en disant cela.

L’Allemand se sentait dompté par le petit Parisien — comme sont domptés les taureaux en Auvergne, où un enfant sait se rendre maître d’une de ces redoutables bêtes avec une simple chiquenaude sur les naseaux.