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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

planade où se trouvent des monceaux de pierres disposées en murailles, vestiges de très anciennes habitations.

Le chemin serpentait sur les flancs du puy de Cacadogne, franchissant la Dore à l’endroit où elle s’unit à la Dogne. Du puy de Cacadogne s’épanchait un ruisselet ; c’est la cascade du Serpent, qui s’échappe comme un reptile luisant du milieu d’une forêt de sapins.

Après cela, il ne restait plus qu’à laisser à droite le ravin des Égravats, formé on ne sait à quelle époque, par la chute d’une partie du roc du Cuzeau et à saluer en passant la Grande-Cascade, l’une des plus belles et des plus visitées de l’Auvergne : elle tombe de la hauteur de trente mètres d’un rocher de trachyte taillé à pic, dans un cirque où son eau disparaît parmi d’innombrables blocs.

Vingt-cinq minutes plus tard les touristes atteignaient le village des Bains. Sir William devait descendre avec sa famille à l’Hôtel des Thermes, où les bagages se trouvaient déjà.

Les guides congédiés avec de beaux pourboires s’éloignaient. Hans Meister profita de ce moment pour tenter de s’esquiver. Mais Jean veillait sur lui. Ce fut en vain que l’Allemand objecta que l’Hôtel des Thermes était trop luxueux pour sa bourse ; quelques mots du petit Parisien le décidèrent à céder, et on lui donna une chambre un peu haute, — pour lui enlever toute velléité de fournir la mesure de la souplesse de ses membres. Sir William avait promptement mis l’hôtelier au fait de ce qui concernait le personnage, et lorsque Maurice et Jean prirent congé de leurs nouveaux amis, avec force poignées de mains échangées, Jean reçut l’assurance qu’on lui garderait « son homme ».

Le petit Parisien pensait avoir exécuté le plus difficile de sa conception, plus que hardie. Il avait hâte maintenant de recevoir l’approbation de la baronne du Vergier.

Le jour baissait lorsque Maurice et Jean rentrèrent à l’Hôtel des Postes. Après des embrassements dont Jean eut sa part, Maurice raconta à ses parents les incidents de la journée. Il parla de miss Kate avec chaleur, et fit valoir le courage de son petit camarade. L’Allemand eut aussi sa place dans la narration.

Jean profita des félicitations qu’il recevait du baron et de sa femme, pour demander à madame du Vergier la faveur de l’entretenir. Il tenait à avoir son avis sur la façon dont il comptait utiliser la rencontre de l’Allemand.

La baronne fut très surprise. Elle eut un instant la pensée de faire arrêter