— Je me rappelle maintenant cette exécution dans le village, pendant qu’on faisait sauter le pont.
— Cherchez bien… et dites-moi au moins, je vous en conjure, qui a commandé cette exécution… si ce n’est pas vous.
— Attends, mon enfant… C’est le sergent Reculot.
— Reculot ? Où le trouverai-je ? Parlez vite !
— Il doit être retourné au Havre, à la marine… à sa pêche et à ses sauvetages, mais de Saint-Vaast à Étretat tout le monde connaît Reculot dit le Capitaine.
Jean poussa un soupir.
— Au Havre ! Enfin, ce n’est pas à l’extrémité du monde. Je ne suis pas à bout de forces… J’irai.
Le petit Parisien raconta ensuite longuement à l’ancien soldat quelles recherches il avait faites pour arriver jusqu’à lui, sur les indications d’un volontaire du campement de la Délivrance, Bordelais la Rose.
— L’ex-zouave ? Ah ! je le connais bien !
— Il m’aide et m’encourage dans la tâche que j’ai entreprise, dit Jean avec émotion.
— C’est fort bien à lui. Tu le mérites ; car tu m’as l’air d’un brave enfant ! Alors le vieux monsieur dont tu me parles ?…
— Il est en bas dans un café, près du pont, avec un ami… qui est un peu le mien. Nous allons venir tout à l’heure visiter le château, comme nous avons visité déjà plusieurs des plus beaux châteaux de la Touraine.
— Et après ?
— Après… J’aurai hâte, vous le comprenez bien, d’aller au Havre, dès que je pourrai honnêtement quitter ce bon M. Pascalet. Il veut nous conduire demain à Chenonceaux ; il a parlé aussi d’Azay-le-Rideau.
— Je lui demanderai qu’il te laisse ici jusqu’à ce soir. Je serais heureux d’avoir toute une journée auprès de moi le fils d’un bon compagnon d’armes. Je te ferai voir à ton aise tout ce qu’il y a de curieux dans le château.
Le petit Parisien, radieux, redescendit en ville et alla retrouver M. Pascalet qu’il mit au courant du bon résultat de son escapade. Maintenant il y avait des indications précises : « Reculot dit le Capitaine, au Havre ! » Une heure après, le vieux savant, qui s’était rendu au château suivi de