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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/198

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

presser ou modérer leur allure, des cris aigus, des appels. Il se retourna, et il reconnut la famille tout entière de sir William Tavistock, montée sur des bidets dociles qui sont les chevaux du pays. Ce fut pour Jean une bien agréable surprise.

Miss Kate, toujours vive, tenait la tête de la troupe, suivie de près par sa sœur Julia. Celle-ci avait pour cavalier son fiancé, le brun Henry Esmond, qui en sa qualité de marin adorait l’équitation ; sir William s’avançait gravement accompagnant sa femme, et leur fils Alfred galopait follement sur le flanc de la cavalcade, soulevant des flots de poussière. Tantôt il courait après sa sœur Kate, dont il excitait la monture jusqu’à ce que la jeune Anglaise se récriât et se fâchât, puis il revenait près de son père qu’il devinait mécontent et grondeur, accomplissant certainement ainsi deux ou trois fois le trajet d’Amboise à Chenonceaux. Deux petits chevaux fermaient la marche, l’un monté par un palefrenier aux gages du loueur, l’autre chargé de paniers de provisions et de manteaux de voyage, témoignages des attentions de lady Tavistock pour les siens.

Miss Kate, la première, reconnut Jean. Elle poussa un cri de joyeuse surprise.

— Oh ! le petit garçon ! fit-elle ; voyez donc le petit garçon ! mon sauveur !…

Elle arrêta son cheval. Jean s’approcha d’elle, et miss Kate lui tendit la main ; elle le secoua avec tant de vigueur que le petit Parisien faillit en perdre pied.

Alfred Tavistock arrivait, non moins ravi que sa sœur de retrouver leur jeune ami du puy de Sancy. Tandis qu’il adressait quelques mots de franche cordialité à Jean, miss Kate sautait légèrement à terre, et, s’avançant vers le jeune garçon, elle le saisit avec force et l’embrassa éperdument sur les deux joues.

La cavalcade entière ayant atteint les bords du Cher s’était arrêtée, et les cavaliers aidaient les dames à descendre de leurs montures. Miss Kate courut vers sa mère, lui dit quelques mots que celle-ci parut approuver, et elle revint vers le petit Parisien à qui chacun faisait fête à sa manière.

M. Pascalet comprenait qu’il s’agissait d’une ovation dont son protégé était l’objet ; auprès de lui, le musicien lui dépeignait les touristes d’outre-Manche.

Miss Kate s’empara de nouveau de Jean, comme s’il lui appartenait, en disant :