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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/222

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XIX

La Tour des Baleines

Entre le donjon Saint-Nicolas et la tour de la Chaîne on pouvait voir passer, le lendemain vers midi, le yacht le Richard Wallace, gagnant l’avant-port de la Rochelle. L’installation de la famille au baronnet n’avait pas demandé beaucoup de temps : rien n’était changé aux dispositions précédemment prises pour son logement et celui des domestiques : un cuisinier et une femme de chambre, — le mari et la femme, — Anglais tous deux, demeurés à la Rochelle pendant que sir William et les siens visitaient plusieurs provinces de France. Une très jolie cabine « d’ami » restait disponible : elle fut attribuée à Jean.

Bientôt le yacht se trouva en plein milieu du pertuis d’Antioche. Par ce mot de pertuis, on désigne un détroit entre une île et un continent. Quant au nom d’Antioche, un peu étrange à rencontrer sur les bords de l’Atlantique, il provient d’une ville morte du littoral occidental de l’île de Ré.

Le Richard Wallace laissait à sa gauche — disons à bâbord — l’île d’Oléron, et contournait l’île de Ré, qui s’allongeait à tribord, bordée de roches ou « platins » qui, rasés par les flots, prolongent en maints endroits à plusieurs kilomètres les grèves et la base des écueils ; c’est ce qu’on appelle « la côte Sauvage ».

On côtoyait l’île d’aussi près que possible. Sir William voyageait en curieux, et aucun des siens ne semblait atteint du péché d’indifférence : parmi eux, Jean n’était qu’un curieux de plus. Aussi le baronnet en prenant à Calais un vieux marin français pour diriger son yacht, avait-il songé bien moins à la