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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/246

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

un peu en arrière pour ne pas choquer les dames par le négligé de leur toilette.

Jean, au contraire, s’élançait en avant, parcourant fébrilement son Indicateur.

Ils allèrent ainsi en bande, à travers la ville, en constatant tout de suite que Nantes est généralement bien bâtie, qu’elle est remarquable par la régularité de ses places publiques. Le quai de la Fosse, ombragé de beaux arbres, bordé d’hôtels et de vastes magasins, couvert de navires et de bateaux y offre un agréable coup d’œil.

Ils virent les quais de Chezine et leurs chantiers de construction ; ils traversèrent quelqus-uns des dix-huit ponts de la Loire et de l’Erdre, sans oublier le pont de Pirmil, jeté au-dessus du plus large bras de la Loire et comptant seize arches, avec une longueur de plus de deux cent cinquante mètres, ni le pont de la Poissonnerie formé d’une seule arche de soixante pieds d’ouverture, ni les ponts d’Erdre et du Gué-aux-Chèvres qui datent du seizième siècle ; ils passèrent dans les îles et les prairies pour revenir sur le cours Saint-Pierre, où se trouvent les statues d’Arthur III et d’Anne de Bretagne, sur le cours Saint-André, orné des statues de Duguesclin et d’Olivier de Clisson, sur les cours ou promenades de Henri IV et du Peuple ; ils admirèrent l’île Feydeau et ses maisons monumentales, le quartier Graslin ; ils allèrent flâner dans le célèbre passage Pommeraye.

Enfin ils visitèrent la cathédrale, édifice du quinzième siècle, demeurée inachevée.

Dans le transept à la droite du chœur, ils s’arrêtèrent longuement devant une œuvre admirable de la Renaissance ; c’est le tombeau élevé par Anne de Bretagne à son père le duc François II, et qui fut exécuté par Michel Columb, artiste de Tours. Il est en marbre blanc avec des assortiments de marbres de diverses couleurs. Sur une table de marbre noir sont couchées deux statues un peu plus grandes que nature, celle du duc et celle de Marguerite de Foix, sa seconde femme. Des carreaux, soutenus par trois anges, supportent leur tête, et à leurs pieds, un lion et un lévrier, symbole du courage et de la fidélité, tiennent entre leurs pattes les armes de Bretagne et de Foix. À chaque angle, se trouvent en grandeur naturelle, les représentations figurées de la Justice, la Sagesse, la Prudence et la Force.

Depuis 1879 ce mausolée a pour pendant le tombeau du général Lamoricière, décoré de quatre belles statues allégoriques, œuvre de Paul Dubois.