Aller au contenu

Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

II

La petite Emmeline

La grandine, comme disaient les voisins, mère Didi, ainsi que Jean se plaisait à appeler la vieille nourrice, ne se trouva pas en état de quitter le lit, le lendemain matin. La bonne femme était cruellement éprouvée et plus qu’elle ne voulait le dire, par la perte de son Jean, à elle.

Mais rendre responsable de sa souffrance le pauvre mort lui semblait une injustice ; elle préférait en rejeter toute la faute sur ces deux mauvais hommes qui s’étaient introduits dans la maison et avaient, malgré elle, fouillé partout… Elle répétait au petit Parisien qu’ils lui avaient « tourné les sens » ; et l’enfant, sans trop y croire, abondait dans les idées de la vieille Normande de la sorte il entretenait sa sourde rage contre Jacob et Hans.

— Qu’ils m’ont fait de mal ! qu’ils m’ont fait de mal ! gémissait la bonne femme. J’ai les jambes quasi froides comme la corde du puits de Saint-Éloi !

— Oh ! lui répondait Jean, je leur prépare un bon tour !… Et quand j’aurai entre les mains la preuve qu’ils sont venus ici pour vous voler des papiers importants, ils ne pourront plus nier devant M. le commissaire.

— Mais que feras-tu ?

— Ce que je ferai ? Je m’emparerai du carnet !

— Moi, mon fisset, je voudrais plaider encore une fois… avant de mourir. Je gagnerais bien sûr !

— Laissez-moi faire, ma bonne Didi ; nous gagnerons bien sans plaider !

— Ça n’est pas le même plaisir, observa la Normande.

Arriva l’heure où, au Champ de foire, commençaient les représentations de