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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/328

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V

Un nouvel exploit de Hans Meister.

Hans Meister ne s’était rendu à Évreux que pour y prendre le chemin de fer de Bernay. Ayant fait à pied le trajet de Louviers à Évreux, il n’était arrivé dans cette dernière ville que fort avant dans la soirée. Personne ne l’avait vu, et lorsque Jean s’informa d’un Allemand, tout à la fois grotesque et effrayant de passage dans la ville, on ne sut de qui il voulait parler.

Alors le petit Parisien courut à la gare. Là, en raison du petit nombre de voyageurs qui descendent de wagon ou y montent, on avait remarqué l’énigmatique étranger. Il avait pris un train de nuit allant vers l’ouest ; pour où ? c’est ce qu’on ne put dire.

Jean se concerta avec Barbillon, et ils décidèrent de partir sur l’heure pour la première station, qui était Conches, sauf à pousser jusqu’à Beaumont-le-Roger, Bernay, Lisieux et même plus loin, à Caen, où ils trouveraient dans le baron du Vergier un auxiliaire utile.

— Il faut, répétait Jean, que je mette la main sur cet homme abominable !

Il était 4 heures 37 de l’après-midi lorsqu’ils montèrent en wagon. Le train sortit de la station, dominée à sa gauche par des coteaux boisés, limitant au nord la forêt d’Évreux. La voie ferrée remontait la vallée de l’Iton, où fumaient plusieurs usines, entre autres une grande fabrique de papier ; là, se développaient aussi les vastes bâtiments d’un asile d’aliénés. Bientôt, à droite, se montra Bérengeville, avec son petit château en briques sur un mamelon. Puis l’Iton fut franchi à peu de distance de la Bonneville, village près duquel se voient encore quelques restes de l’abbaye de la Noë, fondée par l’impératrice Mathilde, fille d’Henri Ier roi d’Angleterre et femme d’Henri II