Aller au contenu

Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/446

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
438
LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

— Ah ! fit le petit Parisien.

— Il est vrai qu’il n’y avait pas alors de paquebots… Vous ne savez rien de ma pauvre sœur ?

— Rien, dit Jean d’une voix rauque.

— Vous ne me demandez pas des nouvelles de ma mère ?…

— Excusez-moi ; je suis encore tout abasourdi de cette rencontre inattendue.

— N’est-ce pas ? c’est un peu comme moi… La baronne est de plus en plus affligée. Elle n’est pas comme mon père, qui trouve quelque distraction dans ses études archéologiques. Je crains vraiment pour la santé de ma mère !… Si je pouvais me marier jeune, l’entourer d’une famille nouvelle, peut-être oublierait-elle, — peut-être ! Mais je n’en suis pas encore là ! C’est bien du temps à souffrir pour elle. Pauvre mère ! si bonne, si dévouée ! Vous savez comme elle vous aime, Jean ?

Jean, troublé jusqu’au fond de l’âme eut des larmes plein les yeux. Maurice s’en aperçut et dit en changeant de ton :

— Mais pourquoi vais-je vous attrister, mon cher Jean ? Ne pensons qu’à l’heureux hasard qui nous réunit. Je dis hasard, peut-être aurez-vous de bonnes raisons à me donner pour me persuader le contraire. Vous me conterez cela en dînant avec moi tout à l’heure. Votre ami le pilote ne sera pas de trop…

En ce moment, à la clarté des becs de gaz qu’on allumait tout autour de la place d’Armes, ils virent s’avancer vers eux le père Vent-Debout. Il fut invité cordialement par Maurice du Vergier, mais il remercia par discrétion et promit d’aller chercher Jean à la gare maritime à l’heure du départ du bateau. Il n’était pas fâché, dit-il, de pouvoir prendre quelques dispositions pour mettre son humble logis en état de recevoir son jeune hôte pour cette nuit et les jours suivants.

Lorsque le fils du baron eut suffisamment insisté, il demanda au vieux marin, s’il serait facile de retrouver, pour y dîner, l’hôtel Dessin, rendu célèbre par le Voyage sentimental de Sterne…

— J’ai quelque idée de la chose, répondit le père Vent-Debout. Mais le vrai de la difficulté c’est que cet hôtel est devenu un musée.

— Qu’à cela ne tienne ! fit Maurice ; nous trouverons ailleurs.