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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/467

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

dans le commerce sous la désignation d’articles de Reims. Ses fabriques de tissus, filatures et tissages de laines groupent dans leurs ateliers plus de dix mille ouvriers, et consomment de quarante à cinquante millions en matières premières. Récemment encore, la fabrication rémoise dépendait de Suresnes et de Puteaux pour les teintures ; mais de très importantes teintureries, où l’on obtient toutes les variétés de couleurs, se sont établies dans le voisinage de Reims. En outre, l’industrie du verre et celle du sucre de betterave ont pris à Reims un réel développement. Ne mentionnons les biscuits que pour mémoire… Tout cela suffit bien pour assurer à Reims une place au premier rang parmi les grandes cités industrielles de France.

C’est dans cette ville que Modeste Vidal et Jean arrivèrent. Un tramway les conduisit vers la cathédrale.

La nuit venait, et c’est dans l’insuffisante lumière des becs de gaz placés en avant de sa façade qu’ils aperçurent la splendide basilique. Trois arcades en ogive en composent le portail, qui contient par centaines des statues de toutes grandeurs. La rose du portail est d’une grande magnificence. Les deux tours carrées, sont formées d’arcades, de piliers, de chapiteaux, de pyramides à jour et en découpures, — avec trente-cinq colossales statues d’évêques qui se tiennent tout autour des hauts chapiteaux — sans avoir le vertige.

— Nous reviendrons voir tout cela demain, dit le musicien. Maintenant nous allons dîner, et après nous irons… au théâtre ! N’oublions pas que nous sommes rentiers.

Ils retournèrent sur leurs pas et, quittant la place du parvis, ils se retrouvèrent entre le palais de justice et le Grand-théâtre. Les environs étaient pleins de restaurants et d’hôtels…

Le lendemain, de bonne heure, on eut pu voir, familiers et bons camarades, le musicien et son compagnon, fouillant d’un œil avide les sculptures fantaisistes et pieuses des arcades de la cathédrale. Modeste fit remarquer à Jean que les tours, qui devraient s’élever d’après le plan primitif à cent vingt mètres, n’atteignent qu’aux deux tiers de cette hauteur. Ils pénétrèrent à l’intérieur, et virent des vitraux du treizième siècle d’une rare beauté ; parmi les tableaux une toile attribuée au Titien, une Nativité du Tintoret, un Lavement des pieds par Muziano ; et puis une belle collection d’anciennes tapisseries ; enfin ils visitèrent le trésor, renfermant de précieux ouvrages d’orfèvrerie.

— Mais nous ne faisons que passer à Reims, finit par dire Modeste Vidal ; nous n’avons donc que peu de temps à donner à la ville.

Ils s’en allèrent par les rues et les places, — rues larges, places régulières