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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/476

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

tèrent en force du côté de la route de Mouzon. Ils trouvèrent devant eux la brigade de l’infanterie de marine du général Martin des Pallières. Les tirailleurs engagèrent la fusillade dans un rare jour, obscurci encore par les brouillards s’élevant de la Meuse : c’était la bataille de Sedan qui commençait !

 » À sept heures, l’artillerie tonnait sur toute la ligne, depuis Remilly jusqu’au delà de Givonne, et le feu de la mousqueterie atteignait sa plus grande intensité. C’est à ce moment-là que le maréchal de Mac-Mahon, accouru près de la Moncelle, au point le plus vivement attaqué, fut atteint d’un éclat d’obus qui le blessa aux reins et enleva la croupe de son cheval. Ramené à Sedan, il rencontra l’empereur qui venait se montrer sur le champ de bataille : vous savez qu’il s’était démis du commandement de l’armée de Châtons. Les Bavarois étaient soutenus par cette vive attaque sur la Moncelle, où se trouvait là gauche du 12e corps. Là, c’étaient les Saxons qui venaient se heurter contre la division Grandchamp et la division Lacretelle.

» À Bazeilles, les tirailleurs ennemis réussirent à s’emparer d’une maison de la Grande rue et, de là, ils faisaient feu à bout portant sur ceux de nos soldats qui essayaient de passer. Le commandant Lambert, que je suivais de près, fit établir dans une autre maison, située en face, quelques-uns de ses hommes, qui éteignirent le feu des Bavarois ; puis, la porte de leur maison enfoncée, les cinq ou six survivants furent faits prisonniers.

» Cet obstacle enlevé, je vis une centaine de soldats entraînés vers le centre du bourg, charger le plus bravement du monde à la fourchette, sous une grêle de balles et refouler les Bavarois qui commençaient à remonter la Grande rue. Trois compagnies d’infanterie de marine vinrent soutenir leurs camarades. La lutte devint alors plus vive, si c’est possible. On se fusillait de très près. Nos pertes furent énormes, mais les Bavarois moins agiles que nos soldats payaient encore plus cher chaque léger succès.

» Ils s’étaient enfin emparés de l’église et des premières maisons du bourg, et ils s’étendaient de plus en plus vers l’ouest — la partie avoisinant la Meuse ; — ils envahissaient les jardins, et menaçaient de prendre les nôtres à revers. La Grande rue était tellement sillonnée de projectiles qu’on eût juré voir sur le sol les traces d’un rateau…

» Une forte colonne d’infanterie de marine commandée par le chef de bataillon Pasquet de la Broue s’engagea au pas de course dans cette principale artère de Bazeilles, sous les yeux du général Reboul — un solide au feu, celui-là, de la trempe de Ducrot : le général de Vassoignes, chargé lui-