Aller au contenu

Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/527

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXII

Une vieille connaissance

Enfin la troupe dirigée par Risler arriva à Angers, et comme Jean connaissait déjà la ville dans toutes ses parties, lorsqu’il se présenta à la gare pour saluer son oncle, embrasser sa tante et « sa cousine », il fut chargé immédiatement par la plantureuse dame de loger les comédiens dans quelque hôtellerie à proximité du champ de foire : Jacob Risler avait décidément renoncé à son matériel roulant ; il ne voulait plus voyager qu’en chemin de fer et, à l’avenir, lui et tout son monde coucheraient sous un toit. Jean se tira bien de la tâche qui lui était confiée, et le géant tyrolien, qui au fond était un brave homme, ne l’appela plus que le maréchal des logis.

Jean revit donc Cydalise. La jeune fille s’était fait une grande joie de le retrouver ; elle s’habituait à compter sur lui, sur son amitié. Elle se sentait sous sa protection, — une protection qui la suivait partout ; et elle reprenait courage ; elle supportait plus aisément les anxiétés de sa situation. La gentille baladine prenait pour l’effet d’une invincible timidité l’absence d’abandon, les hésitations réfléchies du jeune homme. Si elle se faisait familière, si elle traitait Jean comme un frère, celui-ci aussitôt devenait plus cérémonieux, plus réservé, plus froid.

Toutefois le petit colporteur un peu fatigué par ses dernières tournées, un peu amolli par la perspective d’un charmant repos de plusieurs semaines, passées dans l’entourage de Cydalise, consentit à faire l’essai de cette vie qu’on le sollicitait d’adopter. Jacob Risler et sa femme crurent l’avoir accaparé pour toujours ; Cydalise vit en lui un champion qui tôt ou tard se dévouerait à ses intérêts.