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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/531

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

semaine de septembre ; finalement, elles se trouvent à Bordeaux vers le 15 octobre.

Jean traversa en wagon les départements de Maine-et-Loire, des Deux-Sèvres et de la Charente-Inférieure. Il passa par la Pointe, au confluent de la Maine et de la Loire, par les Forges, hameau où se trouvent les ruines du château de la Roche-aux-Moines, par la Poissonnière ; il passa en vue de Chalonnes, séparé de la station par cinq bras de la Loire ; il passa par la Jumellière, par Chemillé, dont l’église possède un clocher qui est l’un des plus beaux types de l’art romano-byzantin que possède l’Anjou ; par Trémentines, où se trouvent un galgal et un peulven dit Pierrefiche du Parchambault.

Il passa par Cholet sur la Maine, chef-lieu d’arrondissement de 13 à 14,000 habitants dominé par l’ancienne terrasse du château détruit par les Vendéens. Le rayon industriel de cette ville s’étend sur plus de cent communes et occupe près de soixante mille ouvriers. On fabrique à Cholet des batistes, des siamoises, des calicots et surtout des mouchoirs, de la flanelle et des droguets. Son commerce porte, en outre, sur les ardoises, les bois de charpente, les grains, les chevaux, les bestiaux, les engrais…

Après Cholet, se présenta sur la route suivie, Maulevrier où, dans la cour du château, une pyramide a été élevée à la mémoire du chef vendéen Stofflet qui avait été garde-chasse du comte de Colbert-Maulevrier ; après, ce fut Bressuire, petite ville de quelque 3,000 habitants sur une colline bordant l’Ire, avec une église qui est un monument historique et les restes imposants d’un ancien château.

Puis, Jean se trouva à Niort, qu’il avait traversé quelques années, auparavant en venant de Tours, emmené par la famille de sir William, et pour s’embarquer à La Rochelle sur le Richard-Wallace. Que tout cela était déjà loin !…

Il vit mieux que la première fois le chef-lieu du département des Deux-Sèvres. La troupe que Jean suivait maintenant, s’arrêta à Niort pour y souper et y coucher ; et le lendemain, avant qu’on se remît en route, le jeune Parisien avait exploré les bords de la Sèvre-Niortaise, traversé la belle place de la Brèche, vu les églises, le donjon de l’ancien château : deux grosses tours carrées dont la plus ancienne date du douzième siècle. Il avait arpenté les promenades des environs : le parc de Chantemerle, la Gagouette, les rives du Lambon, les prairies de Belle-Isle et de Galuchet. Sans considérer comme définitive sa situation présente, Jean en acceptait momentanément les bénéfices : plus de balle sur le dos : et il s’en allait d’un pas léger… il fallait voir !