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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/550

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

tait bien : c’était toujours ces mêmes pensées torturantes : Hans Meister gardant avec lui, — peut-être enseveli avec lui dans la catastrophe — la réhabilitation du nom paternel ; Cydalise à la merci de Risler.

Ah ! s’il sortait vivant de ce tombeau comme il réparerait vite ses torts envers la pauvre jeune fille ! Plus rien, aucune considération ne l’arrêterait. Oh ! comme il se fit cette promesse ! et avec quels serments !

Il lui parut après avoir pris cet engagement vis-à-vis de lui-même qu’il était plus fort, mieux préparé à toute lutte dans l’avenir. Encore fallait-il qu’il lui fût donné de remplir son devoir…

Une grande heure s’écoula.

Enfin les vapeurs accumulées dans la partie de la fosse où Jean se trouvait bloqué, s’éclaircirent, et le garçon, respirant plus librement, songea plus résolument à sauver sa vie — puisque personne ne venait à son secours. Un manche de pic lui était tombé sous la main dès le premier moment. Il s’en saisit et le mania comme un levier pour renverser un à un les obstacles accumulés devant lui. Au bout d’un temps d’une longueur difficile à apprécier, il put enfin franchir la clôture qui l’enfermait…

Il se hasarda à tâtons dans les galeries, marchant avec précaution, évitant de tomber dans quelque trou.

Il y avait un moment — court peut-être, peut-être long — qu’il avançait ainsi, lorsqu’il se trouva devant l’une des entrées des écuries. Il hésita au moment de pénétrer en cet endroit, craignant d’y retrouver Hans Meister. Il est vrai que Jean avait gardé à tout hasard le manche de pic : il s’en était servi pour s’aider à marcher ; il pouvait lui être plus utile encore pour repousser une attaque.

Après un court examen, il vit qu’aucun homme n’était resté auprès des chevaux. Les lampes électriques continuaient de fonctionner, donnant la pâle lueur d’un mince croissant de lune. C’en était assez cependant pour que Jean put se diriger.

Il alla vers un recoin où quelques planches formaient un abri pour les palefreniers. Là, son regard tomba droit sur une valise qu’il reconnut avec émotion pour appartenir à l’Allemand.

— Là dedans est peut-être le carnet de Louis Risler, se dit-il.

Sans balancer, il souleva la valise et la chargea sur ses épaules ; — non qu’il eût l’intention de l’emporter : il voulait la remettre aux agents du directeur de l’exploitation, se réservant de formuler ensuite sa plainte contre le