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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

dérables parmi les musées de nos provinces : elle a aussi un jardin botanique, un beau cabinet d’histoire naturelle, des collections d’archéologie et de numismatique, et d’autres encore qu’il serait trop long d’énumérer.

La ville, partagée inégalement par la Vilaine, offre plus d’un aspect. La partie haute, sur le penchant et la croupe du coteau qui domine la rive droite de la Vilaine, a été en grande partie rebâtie à la suite du grand incendie de 1720, qui dura sept jours et consuma plus de huit cents maisons. Autour du vide que firent les flammes, les places encore existantes des Lices, de Sainte-Anne, les alentours de la cathédrale, les rues Saint-Malo, d’Antrain et quelques autres rues peuvent donner une idée de ce qu’était l’ancienne ville haute, avec ses maisons peu élevées datant du moyen âge, se joignant, s’accotant par des voûtes, avec des galeries de bois, des tourelles ; offrant toutes les bizarreries de la pierre taillée dans ses fenêtres, ses balcons, ses portes. L’ancien beffroi a disparu ainsi que tout ce que la vieille ville présentait de plus antique et de plus original.

Rennes se présente avantageusement comme chef-lieu d’Ille-et-Vilaine, mais n’a presque plus rien de ce qui montrait en elle la capitale de la Bretagne, encore moins, si l’on voulait remonter plus haut, — à la conquête romaine — de ce qui pourrait rappeler la principale cité des Redones, l’un des peuples de l’Armorique.

Le temps est loin où les ducs de Bretagne faisaient leur entrée solennelle par la porte Mordelaise ; porte demeurée comme un curieux spécimen de l’art des fortifications au moyen âge. Une inscription latine en l’honneur de l’empereur Gordien III, « très heureux, très pieux et très auguste » s’y lit sur une pierre employée au hasard de la construction dans l’un des jambages de la porte.

Si l’hôtel de ville date du grand incendie, il n’en est pas de même du palais de justice qui s’élève sur l’une des principales places. C’est un vaste édifice un peu lourd, mais imposant, œuvre de Jacques Debrosse, destiné au Parlement de la province. Henri II institua ce Parlement à Rennes, bien que sa possession fût ardemment convoitée par Nantes.

La ville, traversée de l’est à l’ouest par la Vilaine, est contournée à l’occident par le canal d’Ille et Rance qui réunit la Manche et l’Océan en coupant toute la presqu’île de Bretagne. Onze grandes routes convergent à Rennes et quatre chemins de fer aboutissent à sa gare. On peut espérer qu’un moment viendra où toutes ces voies de communication seront largement utilisées et