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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/679

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XI

Les caves de Roquefort

On dormait profondément à l’hôtel de la rue d’Alsace-Lorraine — après les émotions de la veille. Mais le baronnet se leva au petit jour et alla réveiller tout son monde : — « En route ! » Il fallut s’habiller et le suivre à la gare. Jamais il ne consentit à dire où il voulait aller !

Maurice et Jean emboîtaient le pas derrière lui, se communiquant leurs réflexions sur le fâcheux avortement de la combinaison destinée à permettre à sir Henry Esmond d’arriver à Toulouse. Il avait fallu que Méloir leur fût rendu quelques heures à peine après les avoir quittés !

Le Breton fermait la marche, — nullement fier de n’avoir pas su mieux répondre à ce que les deux jeunes gens attendaient de lui. Sa démarche pleine de balancements timides était comme un plaidoyer, un acte de contrition, un engagement pour l’avenir.

À la gare, on passa au guichet. Que demandait cet Anglais ? des billets ; mais pour où ?

— Pour une petite village… pas loin, où on faisait des fromages…

— Roquefort ? Vous voulez des billets pour Roquefort ?

— Yes ; les fromages de Roqueforte.

Maurice et Jean levèrent les bras en l’air : à Roquefort !

Et par où y allait-on à Roquefort ? Un village pas loin, avait dit le baronnet. Oui, à vol d’oiseau ; mais il faut tenir compte des montagnes qui enserrent et rendent inabordable Saint-Affrique, Tournemire et Roquefort. Se rendre à Roquefort par Albi c’eut été trop commode ! Le chemin de fer s’arrête à