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XII

Le châtiment

C’était à mi-côte, sur une petite place ombragée de quelques arbres, sorte de palier où aboutissaient deux ou trois rues tortueuses à pente rapide, et d’où montaient vers le haut de la ville une rue ou deux escarpées, mal pavées ; rues bordées, les unes et les autres de constructions irrégulières, d’anciennes maisons en bois, sauf le rez-de-chaussée, quelques-unes de ces maisons ayant conservé, encore, à défaut de croisées à grands carreaux, des panneaux de verre enfumé, montés en plomb.

Autour de baladins, une foule curieuse, attentive, — presque recueillie, — formait un cercle, les plus grands du deuxième rang se penchant pour mieux voir par-dessus les têtes du premier rang. L’orgue jouait et, sur un vieux tapis, une femme, la tête renversée en arrière, se soutenant des pieds et des mains, accomplissait un tour de force ou d’adresse qui tenait la foule en suspens.

— C’est la femme à moustaches, dit un enfant à côté de Jean.

— Assez ! assez ! criaient plusieurs voix.

— Il n’en manque plus que dix-huit ! vociféra une sorte d’hercule en maillot, courant après les gros sous qui pleuvaient lentement ; il les arrêtait sous son pied et les comptait de l’œil, attendant pour faire cesser l’exercice de la femme, — une grosse dame à jupe rose pailletée, — que le chiffre de la recette fixé par lui-même fût atteint.

— Plus que dix-sept ! Plus que seize ! ajouta-t-il.

Que faisait donc cette grosse dame dans son attitude de bête à quatre