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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/714

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

dans plusieurs autres villes de moindre importance ; il les conduisit, en outre, au cœur même de la chaîne d’imposantes montagnes qui traverse et borne à l’est la Franche-Comté : le Jura.

Le Jura a une longueur de trois cents kilomètres ; sa plus grande largeur est entre le lac de Neufchâtel et Besançon (70 kilomètres). C’est, à vrai dire, un vaste plateau incliné vers l’ouest et surmonté de longues crêtes parallèles d’où surgissent plusieurs hauts sommets : le mont Chasseral au-dessus du lac de Bienne, le mont Terrible au pied duquel le Doubs se replie vers le sud-ouest, la Dent de Vaulion, le mont Tendre, le Noirmont, la Dôle, le Crêt de la Neige (1,723 mètres) le plus haut pic du Jura ; le Reculet et le Grand-Credo qui se dressent immédiatement au-dessus de la gorge du Rhône, le Crêt du Nû, le Grand-Colombier, le mont du Chat et le mont de Vuache.

La Franche-Comté, grâce au Jura qui s’abaisse sur le Doubs et la Saône, grâce aux ramifications des Vosges si riches en sources, dont elle est bornée au nord, réunit les avantages propres à un pays de montagnes à ceux particuliers aux pays de plaines ; aussi dès les temps les plus reculés fut-elle célèbre pour la richesse et la diversité de ses produits.

Ne voir que les villes n’eut pas satisfait le baronnet. Il était membre du club alpin de Londres et, en cette qualité, toujours préparé pour une ascension.

Il choisit l’une des plus fières montagnes de la chaîne. Ils gravirent à quatre la Dôle, l’un des plus hauts sommets du Jura, d’où la vue plane sur le lac de Genève : Lausanne, Morges, Rolle n’y font pas plus d’effet que quelques grains de sable jetés sur le bord de l’eau. À l’une des extrémités du lac, Genève brille comme une escarboucle. Vers les rives de la Savoie une flotille de voiles blanches sème l’étendue liquide de points brillants ; du côté de la Suisse deux ou trois bateaux à vapeur semblent immobilisés : on dirait des fourmis prises dans un réservoir glacé.

La Dôle domine non seulement le lac de Genève et ses alentours, mais encore tout le Jura, dont il présenterait l’ensemble, si l’œil pouvait embrasser d’aussi grandes distances. Au lever du soleil, par un temps parfaitement clair, mais très froid, ils purent reconnaître, outre le lac de Genève, le lac d’Annecy et celui des Rousses ; d’autres touristes prétendirent distinguer encore les lacs du Bourget, de Joux, de Morat et de Neufchâtel : ils exagéraient peut-être un peu. À vrai dire, ce que ces touristes apercevaient au soleil levant c’étaient quelques vapeurs accumulées un peu au-dessus des