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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/728

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Trois heures plus tard, réconfortés par un bon déjeuner, Maurice et Jean grimpaient à la suite du baronnet les hauteurs de Fourvières et celles de Saint-Irénée qui en est le prolongement. Méloir, fatigué de sa nuit blanche, les suivait en dormant, avec des oui, not’e maître, non, not’e maître, indiquant suffisamment son état de somnolence. Il ne se réveillait un instant et ne redevenait attentif que si quelque chien venait le flairer de trop près ; alors ses jambes flageolaient comme s’il voulait protéger l’une par l’autre alternativement.

De Notre-Dame de Fourvières nos touristes découvrirent l’un des plus beaux panoramas de France : à leurs pieds la ville, le Rhône, la Saône et leur confluent, les divers groupes de l’agglomération lyonnaise, c’est-à-dire, sur la rive droite de la Saône, Vaise, véritable ville associée à Lyon par son industrie et son commerce ; en face, sur la rive gauche le faubourg de Serin, dominé par les hauteurs de la Croix-Rousse, quartier des ouvriers ; les Brotteaux, sur la rive gauche du Rhône, l’un des beaux quartiers de Lyon, défendu par une digue contre les inondations tant de fois redoutables pour la grande cité, et, touchant aux Brotteaux, la Guillotière, ville populeuse, assez abandonnée et où tout monument fait défaut.

En étendant les regards au delà, jusqu’où ils pouvaient atteindre, ils voyaient les forts, les faubourgs, le Rhône et la Saône réunis, descendant rapidement vers la Méditerranée, les campagnes environnantes, fertiles, bien cultivées, parsemées d’un nombre infini de charmantes maisons de plaisance ; enfin, à l’horizon, ils apercevaient à l’est, confondues avec les nuages, les blanches dentelures des Alpes et toute la chaîne du Dauphiné ; au nord et à l’ouest, le Mont-d’Or, aux fromageries célèbres, tout couvert de villas, la chaîne de l’Izeron, les montagnes du Forez ; au sud le mont Pila, dont le versant méridional calciné par le soleil, produit le fameux vin de Côte-Rôtie, enfin les volcans de l’Auvergne, — vaste, bien vaste étendue.

Puis, après ce premier coup d’œil d’ensemble, le détail s’imposait. Lyon, ville de 324,000 habitants, serrée entre la Saône et le Rhône, s’étend sur la péninsule qui s’allonge entre les deux fleuves, et déborde de toute part sur les rives opposées, envahissant les collines et la plaine caillouteuse. Elle offre des quais qui n’ont de rivaux que ceux de Paris.

Du haut de cette colline de la rive droite de la Saône où ils se trouvaient, vieux forum de la première colonie romaine, ils voyaient se dérouler les deux grands cours d’eau qui expliquent la création d’une importante cité commerciale à leur point de jonction : la ville primatiale des Gaules est