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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Loire : Yssingeaux et sa colline rocailleuse (8,232 habitants), Langeac (4,228 habitants), Polignac, (2,800 habitants) agréablement situé dans une vallée, autour d’un plateau basaltique fort escarpé. Sur ce plateau s’éleva un temple dédié à Apollon ; c’est de ce nom Apollonicum que s’est formé celui de Polignac, rendu célèbre par la famille historique qui a possédé en fief cette bourgade. Ils séjournèrent à Brioude (5,000 habitants) près de la rive gauche de l’Allier.

Enfin Jean revit ces sites du massif central, dont il connaissait bien toute la partie occidentale et la partie septentrionale. Il retrouva cette région de volcans éteints et revêtus d’une végétation splendide ; c’était moins terrible que les Alpes de Savoie et leur Mont-Blanc, mais c’était plus beau. Cette partie du massif possède son caractère propre : point de vastes et tranquilles arènes où les moissons alternent avec les prairies ; point de plateaux cultivés : tout est cime ou ravin, la culture ne peut s’emparer que de profondeurs reserrées et de versants très inclinés, et elle fertilise les cendres des volcans dans les interstices des coulées de lave.

L’horizon grandiose, George Sand l’a admirablement décrit. Ce sont d’abord les Cévennes. Dans un lointain brumeux, on distingue le Mézenc avec ses longues pentes et ses brusques coupures, derrière lesquelles se dresse le Gerbier de Joncs, cône volcanique à la large base qui produit un très grand effet. D’autres montagnes de formes variées, les unes arrondies comme les « ballons» des Vosges, les autres plantées en murailles droites, çà et là vigoureusement ébréchées, circonscrivent un espace de ciel profondément creusé en coupe, comme si tous les volcans qui ont labouré cette région eussent été contenus dans un cratère commun d’une dimension fabuleuse.

« Au-dessous de cette magnifique ceinture, dit le grand écrivain, les détails du tableau se dessinent parfois avec une prodigieuse netteté. On distingue une seconde, une troisième, et par endroits une quatrième enceinte de montagnes également variées de formes, s’abaissant par degrés vers le niveau central des trois rivières qui sillonnent ce que l’on peut appeler la plaine ; mais cette plaine n’est qu’une apparence relative : il n’est pas un point du sol qui n’ait été soulevé, tordu ou crevassé par les convulsions géologiques. Des accidents énormes ont jailli du sein de cette vallée, et, dénudés par l’action des eaux, ils forment aujourd’hui ces dykes monstrueux qu’on trouve déjà en Auvergne, mais qui se présentent ici avec d’autres formes et dans de plus vastes proportions. Ce sont des blocs d’un noir rou-