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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/771

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

verture est formée de pierres d’un seul morceau de huit pieds de long sur deux et demi de large. Toutes ces pierres s’entre-soutiennent sans ciment, par leur propre poids, et grâce à leur coupe savante.

La merveille du Gardon resta telle qu’elle était jusqu’en 1747, époque où fut adossée aux flancs de la seconde lignes d’arcades, une route destinée au passage des voyageurs et des voitures.

Comme reste de la puissance romaine Jean devait voir encore, près d’Apt, sur le Caulon, le pont Julien admirablement conservé : ce pont faisait partie de la voie Aurélienne de Milan à Arles. Près de Saint-Chamas, le pont Flavien : il a une arche unique de vingt et un mètres de portée, jetée sur la Touloubre, entre deux arcs de triomphe d’ordre corinthien. À côté d’un arc de triomphe, qui se dresse près de Saint-Rémy, dans les Bouches-du-Rhône, se trouvent les restes très bien conservés d’un de ces élégants mausolées dont les voies se bordaient aux environs des villes. À Orange, un arc de triomphe romain se fait remarquer par la grande richesse de sa sculpture.

Jean fut à même de comparer l’amphithéâtre d’Arles à celui de Nîmes, dont il diffère surtout en ce qu’il avait des colonnes au lieu de pilastres. On évalue à 25,000 le nombre de spectateurs auxquels il pouvait donner place — comme l’amphithéâtre de Nîmes. À Arles, Jean vit aussi ce qui reste du théâtre antique, bâti sur le même plan et dans les mêmes proportions que celui d’Orange (dont nous n’avons rien dit encore), mais moins bien conservé ; on y découvrit au dix-septième siècle la Vénus d’Arles, l’un des joyaux du musée du Louvre. Cette ville avait encore à montrer d’autres richesses : l’obélisque en granit, les restes de ses magnifiques aqueducs, ceux du palais de Constantin, des thermes, des remparts, du Forum, enfin l’antique nécropole appelée les Alyscamps (les Champs-Élysées) convertie actuellement en promenade.

Durant leur séjour à Nîmes, Jean et Jacob furent surpris aux environs de cette ville par une de ces pluies orageuses qui s’abattent sur le versant méditerranéen des Cévennes ; les lits des rivières roulent jusqu’au Rhône des torrents d’eau chargés de débris. La proximité des montagnes du Vivarais et des Cévennes ne permet pas aux tributaires du grand fleuve d’apporter leurs eaux calmées par un long trajet.

C’est aveuglés, les vêtements à l’état d’éponge et le corps ruisselant qu’ils étaient rentrés à Nîmes, où dès le lendemain, Jacob, qui n’était plus le colosse d’autrefois, s’était alité comme nous l’avons dit. Lorsque deux semaines auparavant Jean était passé à Alais, avec son oncle, on leur raconta