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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XVIII

pas là la route de l’Intelligence ; ce ne peut être, dans l’avenir, la voie pour arrivera faire disparaître la production de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Autre que celle-ci est la voie de l’Intelligence, (voie) qui, dans l’avenir, conduira à faire disparaître la production de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort.

Et, Religieux, il me vint à la pensée : N’est-ce pas moi qui, dans le jardin de mon père, assis à l’ombre d’un Djambou, ayant atteint la première contemplation détachée des désirs, détachée des lois du péché et du vice, née du discernement, accompagnée de joie et de bien-être, demeurai (dans cette contemplation) ? Moi qui, après avoir atteint jusqu’à la quatrième contemplation, y demeurai ? C’est là ce qui peut être la voie de l’Intelligence qui conduira à la disparition de la production de l’existence, de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Telle fut ma pensée. Et il s’ensuivit pour moi la perception nette que c’était là la voie de l’Intelligence.

Il me vint encore à la pensée : Cette route qui peut conduire au revêtissement de l’Intelligence complète ne peut être obtenue par l’épuisement (du corps). Et si, d’ailleurs, par la force de la science et de la sagesse, avec un corps affaibli, je m’approchais de Bodhimanda, ma dernière existence ne serait pas vouée à la compassion, et ce n’est vraiment pas là la voie de l’Intelligence. Mais, après avoir pris une nourriture abondante, et avoir fait renaître la forcée de mon corps, je pourrai m’approcher de Bodhimanda.

Alors, Religieux, les fils des dieux ayant de la sympathie pour un être épuisé, ayant, avec leur pensée, bien compris ma pensée et ma délibération, vinrent à l’endroit où j’étais et me dirent : cette nourriture abondante à laquelle tu penses, ne la prends pas. Nous t’introduirons de la vigueur par les pores.

Religieux, il me vint alors à la pensée : Je pourrais assurer que je ne mange pas, et les gens qui habitent dans le voisinage du lieu où je passe ma vie reconnaîtraient que le Çramana Gautama ne mange pas, tandis que les fils des dieux ayant de la sympathie pour un être épuisé, m’introduiraient de la vigueur par les pores ; ce serait, de ma part, le plus grand des mensonges. Alors le Bôdhisattva, afin d’éviter le mensonge, ayant refusé les fils des dieux, revint à l’idée de prendre une nourriture abondante.

Ainsi, religieux, après avoir traversé six années vouées aux austérités, le Bôdhisattva s’étant levé de cet endroit, prononça ces paroles : Je prendrai une