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Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/142

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Et nous laisseras-tu vivre ?
Nous croyons en Ta puissance, Seigneur,
En Ton verbe vivant ;
La justice renaîtra, la liberté ressuscitera,
Et devant Toi seul
Tous les peuples se prosterneront
Dans les siècles des siècles.
En attendant les fleuves coulent,
Il coule des fleuves de sang !

Les monts s’entassent sur les monts enveloppés de brume,
Monts semés de souffrance et ruisselants de sang !
Là, « dans la bonté de notre cœur »,[1]
Affamée et nue,
Nous avons pilorié la bonne liberté,
Et nous harcelons…
Ils ont laissé là leurs os
Les conscrits en grand nombre.
Que de larmes ! Que de sang !
De quoi soûler
Tous les empereurs.
Leurs enfants et leurs petits enfants, les noyer
Dans les larmes des veuves.
Et celles que les filles
Ont versé dans le silence de la nuit,
Les larmes brûlantes des mères,
Celles de sang des pères et des vieillards.
Ce ne sent pas des ruisseaux, mais des mers qu’on a versées.
Des mers ardentes !…
Gloire, Gloire
Aux chiens de chasse, à leurs rabatteurs, à leurs piqueurs
Et à notre petit père le tzar !
Gloire !

Et gloire à vous, montagnes bleues.
Emprisonnées de glace ;
À vous, preux chevaliers
Que Dieu n’oublie pas !
Luttez et vous vaincrez !
Dieu est avec vous ;

  1. Expression habituelle des manifestes des tzars russes.
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