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Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/214

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sensitive : longtemps avant de sortir, je m’évertuais à la distraire, je jouais avec elle, je l’accablais de fleurs et d’orge ; tout était inutile ; la mignonne courait affolée, se haussait sur la pointe de ses pieds pour constater que je n’étais plus là et elle gémissait !...

Longtemps après mon retour, son chagrin persistait ; aussi comme j’évitais de m’absenter !

Pendant sa toilette, Yzette trépignait sous la brosse ; quand je lissais ses poils avec un peigne, au contraire, elle me léchait les mains.

Ah ! quelle peau ! quelle poil superbe recouvrait ses formes élégantes ! Jamais un pou, jamais une puce ; un grain de poussière tombant sur elle, était prestement enlevé d’un coup sec de son petit pied.

Les gazelles qui produisent naturellement le musc, en ont l’odeur. L’arabe nomade n’a pas d’autres parfums que la fiente musquée de la gazelle.

L’intelligence éclatait dans les yeux d’Yzette, comme dans ceux de la personne humaine la mieux douée. Elle était pour nous une compagne comprenant et sentant tout, vibrant sous notre souffle.

Les gazelles sont les véritables associées de ceux qui les ont adoptées, Yzette partageait nos joies et nos peines ; elle s’identifiait à notre état d’âme.

Quand on l’appelait d’un de ses noms, Yzette, Zizie, elle répondait : « Hein ? Hein ? »

Lorsque, ne la voyant pas et que la cherchant,