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Page:Auclert - Les Femmes arabes en Algérie, 1900.pdf/217

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― J’ai une affaire au Conseil d’État ; mon avocat a perdu mon procès, je veux aller le plaider moi-même. La justice de France est juste !… J’ai le bon droit pour moi… Lis, tu verras que je dois gagner les juges à ma cause. Emporte ces papiers chez toi, tu me les rendras demain ; et il me mit dans la main un paquet de lettres et de documents, desquels il ressort que mon interlocuteur, Salah ben Abdalhah, est inscrit au 1er tirailleurs, sous le numéro matricule 8.471.

Il faisait partie de la glorieuse phalange, formée de plus de vingt mille Arabes, qui s’est fait massacrer à la frontière de l’Est, en 1870, pour défendre le sol français.

Ces tirailleurs avaient tellement excité l’admiration des vainqueurs à Wissembourg et à Wœrth, que quand ceux qui avaient échappé à la mort furent faits prisonniers, les dames de Berlin, enthousiasmées, leur offrirent, à la grande indignation de la population mâle et de la presse locale, un banquet d’honneur qu’elles leur servirent de leurs propres mains.

Aussitôt libre et guéri de ses blessures, Salah est allé en Tunisie, puis au Tonkin, où il fut proposé pour la médaille militaire, qu’il eût obtenue dix fois si, au lieu d’être né Arabe, il fût né Français ; car, à l’instar des hommes de sa race, Salah faisait natu-